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Le brigadier Frédéric.

« Eh bien ! grand’mère Anne, je passais au Graufthâl, et le père Frédéric m’a fait signe d’entrer ; il m’a dit que vous n’étiez pas tout à fait bien. »

Alors la grand’mère, se réveillant tout à fait, le reconnut et répondit :

« Ah ! c’est vous, monsieur Semperlîn… Oui… oui… j’ai souffert et je souffre encore… Dieu veuille que ça finisse ! »

Elle était si jaune, si ridée, si maigre, qu’on pensait en la voyant :

« Mon Dieu, comment notre pauvre corps peut-il durer encore dans cet état ? »

Et ses cheveux, autrefois gris, maintenant blancs comme du lin, ses joues creuses, ses yeux brillants sous le front tout ratatiné à force de rides, la rendaient pour ainsi dire méconnaissable.

Le docteur l’interrogea ; elle répondit très-bien à toutes les questions. Il écouta, l’oreille sur la poitrine et puis appuyée sur le dos, pendant que je la soutenais. Enfin, il dit en souriant :

« Allons… allons… grand’mère, nous ne sommes pas encore en danger… Hé ! hé ! hé ! ce gros rhume passera avec l’hiver ; seulement