— Non, monsieur.
— Allons, tant mieux ; mais il faut vous ménager, il faut autant que possible écarter les tristes pensées de votre esprit. »
Ayant dit cela, il prit son chapeau sur mon lit, sa canne dans un coin, et me dit en descendant les marches de l’escalier :
« Vous viendrez demain en ville, et vous trouverez chez Rêeb, le pharmacien, une petite bouteille dont vous ferez prendre trois gouttes matin et soir à la grand’mère, dans un verre d’eau : c’est pour calmer ses étouffements ; et prenez aussi garde à votre fille, elle est bien changée ; quand on a vu Marie-Rose si fraîche, si bien portante il y a six mois, cela vous inquiète. Ménagez-la.
— Mon Dieu, me disais-je en moi-même, désolé, la ménager !… Oui… oui… si je pouvais lui donner ma propre existence ; mais comment ménager des êtres que la crainte, le regret, la douleur accablent ? »
Et songeant à cela, j’aurais voulu pleurer comme un enfant. M. Semperlin le vit, et sur la porte, me serrant la main, il me dit tout attendri :