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Le brigadier Frédéric.

« Adieu ! »

Je sortis ; les forces me manquaient.

Dans la chambre à côté, je pris un verre de vin et je mis une croûte de pain dans ma poche. Marie-Rose était près de moi ; je lui fis signe de descendre doucement, pour que la grand’mère ne pût pas entendre nos sanglots au moment du départ.

Nous descendîmes donc en silence dans la grande salle en bas, où le père Ykel nous attendait avec d’autres amis : Starck, qui nous avait aidés à déménager de la maison forestière, Mulot, et quelques autres braves gens.

On se dit adieu ; puis dans l’allée j’embrassai Marie-Rose comme un père malheureux embrasse son enfant, et dans cet embrassement je lut souhaitai tout ce qu’un homme peut souhaiter à l’être qu’il aime plus que sa propre existence, et qu’il estime comme on estime la vertu, la bonté, le courage. Et tout aussitôt, mon paquet au bout du bâton, je partis sans retourner la tête.