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Le brigadier Frédéric.

« Mon fils… car vous avez été mon fils… un bon fils pour moi… Mon fils Frédéric, je vous bénis !… Je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez !… Ah ! les souhaits ne servent pas de grand’chose, et les bénédictions des pauvres gens non plus !… Sans cela, cher Frédéric, vous ne seriez pas si malheureux !… »

Elle pleurait ; moi je ne pouvais plus retenir mes larmes. Marie-Rose, debout contre le lit, sanglotait tout bas.

Et comme la grand’mère me retenait toujours, je lui dis :

« Écoutez, grand’mère, votre bénédiction et vos bonnes paroles me font autant de bien que si vous pouviez me combler de toutes les richesses du monde ; c’est ma consolation de penser que je vous reverrai bientôt.

— Peut-être nous reverrons-nous ailleurs, fit-elle ; mais ici-bas, sur cette terre, je vous dis adieu… Adieu, Frédéric… adieu ! »

Elle me serrait, en m’embrassant de ses lèvres tremblantes ; et puis, m’ayant lâché et détournant la tête, elle me retint encore la main un instant, et, se remettant à sangloter, elle répéta tout bas :