j’avais dit : « Je suis un vieux brigadier forestier ; les Allemands me chassent parce que je n’ai pas voulu prendre de service chez eux !… » j’avais le respect de tout le monde.
Naturellement aussi je n’acceptais pas les bonnes offres qu’on me faisait, je payais, car, dans ce temps de contributions forcées, personne n’avait rien de trop.
Tout ce pays tenait avec la République ; et plus j’avançais du côté des Hautes-Vosges, plus on pariait de Gambetta, de Chanzy, de Faidherbe ; mais plus aussi les réquisitions étaient fortes et les villages infestés de landwehr.
À Schirmeck, où j’arrivai le même jour vers huit heures du soir, je vis en entrant à l’auberge, un « Feldwèbel », un percepteur, un commissaire qui buvaient et fumaient, au milieu d’une quantité de leurs gens attablés comme eux.
Tous retournèrent la tête et se mirent à m’inspecter, pendant que je demandais à loger pour une nuit.
Le commissaire m’ordonna de lui montrer mes papiers ; il examina tout en détail, les signatures et les timbres ; ensuite, il me dit :