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Le brigadier Frédéric.

— Oui, monsieur, lui répondis-je dans le plus grand trouble, c’est mon gendre.

— Eh bien, dit-il, ce brave garçon a passé par ici. Je lui ai donné les moyens et les indications nécessaires pour se rendre à Tours. Si vous êtes inquiet de lui, rassurez-vous, il a rejoint… il est à son poste. »

Nous arrivions alors au bas de l’escalier ; sur la porte M. d’Arence me donna la main, puis il partit, traversant le pont, et moi je remontai vers la gare, plus heureux qu’il ne m’est possible de le dire.

Je voyais d’avance la joie de Marie-Rose, j’entendais la pauvre grand’mère remercier Dieu, en apprenant la bonne nouvelle ; il me semblait que nos plus grandes misères étaient passées, que le soleil se remettait à luire pour nous à travers les nuages. Je marchais la tête pleine de bonnes idées ; et comme j’entrais dans la salle du Lion-d’Or, la mère Ory en me regardant s’écria :

« Ah ! mon brave homme, il vous est arrivé quelque chose d’heureux.

— Oui, lui répondis-je en riant, je ne suis plus le même homme qu’hier soir. Les gran-