des misères ne sont pas toujours pour les mêmes ! »
Et je lui racontai ce qui venait de se passer. Elle me regardait de bonne humeur ; mais quand je lui demandai du papier, pour écrire tout cela au Graufthâl, elle me dit en joignant les mains :
« À quoi pensez-vous ? Écrire que votre gendre est à l’armée, qu’il a reçu des secours de M. d’Arence pour faire sa route ! mais M. l’inspecteur serait arrêté demain, et vous aussi, et votre fille ! Vous ne savez donc pas que les Allemands ouvrent toutes les lettres ; que c’est leur meilleur moyen d’espionnage, et qu’ils cherchent toutes les occasions de mettre des contributions sur la ville ? rien que pour une lettre pareille, on nous imposerait encore des réquisitions. Gardez-vous d’une si grande imprudence ? »
Alors, reconnaissant qu’elle avait raison, je perdis d’un seul coup toute ma joie ; c’est à peine s’il me resta le courage d’écrire à Marie-Rose que j’étais arrivé en bonne santé et que j’avais reçu quelques petits secours de mon ancien garde général. Tout me paraissait de trop ; j’a-