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Le brigadier Frédéric.

XVI

Depuis ce jour, n’osant pas écrire ce que je savais et ne recevant pas de nouvelles de la maison je vécus dans la tristesse.

Représente-toi, Georges, un homme de mon âge, seul au milieu des étrangers, dans une petite chambre d’auberge, regardant des heures entières la neige voltiger contre ses vitres, écoutant les bruits du dehors, — une charrette qui passe, un peloton de Prussiens qui fait sa ronde, un chien qui aboie, des gens qui se disputent, — sans autre distraction que ses rêveries et ses souvenirs.

« Que fait-on là-bas ? La grand’mère vit-elle encore ? Et Marie-Rose, qu’est-elle devenue… et Jean… et tous les autres ? »