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Le brigadier Frédéric.

vais peur qu’un point, une virgule ne servît de prétexte aux gueux pour intercepter ma lettre et me chasser plus loin.

Ah ! quel malheur de ne pouvoir pas même envoyer un mot d’espérance et de consolation à ceux qu’on aime, surtout dans des moments aussi cruels. Et faut-il être barbare, pour faire un crime au père des paroles consolantes qu’il envoie à son enfant, d’une bonne nouvelle envoyée par le fils à sa mère mourante !

Voilà pourtant ce que nous avons vu.

Les lettres annonçant la mort de ses proches, les nouveaux désastres de la patrie, arrivaient seules, ou bien encore des mensonges, des nouvelles de victoires inventées par l’ennemi, et qu’il faisait suivre le lendemain de l’annonce de quelque défaite.