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Le brigadier Frédéric.

de soutenir cette rude guerre, et ce poids terrible devait l’écraser à la longue.

C’est ce que racontaient les journaux de la Belgique, de la Suisse, que des voyageurs laissaient quelquefois en passant.

Le bombardement de Belfort continuait. Le temps était affreux, la neige, les gelées les plus froides se suivaient. On aurait dit que l’Éternel se mettait contre nous.

Moi, Georges, il faut que je l’avoue, après tant de malheurs, j’étais abattu ; la moindre rumeur m’inquiétait, j’avais toujours peur d’apprendre de nouveaux désastres ; quelquefois aussi l’indignation m’emportait jusqu’à vouloir partir malgré mes vieilles jambes, et me faire exterminer n’importe où, pour en finir.

L’ennui, le découragement avaient pris le dessus, quand enfin je reçus une lettre de ma fille.

La grand’mère était morte !

Marie-Rose allait venir me rejoindre à Saint-Dié. Elle me disait de louer un petit logement, voulant amener quelques-uns de nos meubles, du linge, de la literie, et vendre le reste au Graufthâl, avant son départ.