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Le brigadier Frédéric.

On se remit en route ; cinquante pas plus loin nous étions devant notre logement. Starck mena ses chevaux à l’écurie du Lion-d’Or. Marie-Rose entra dans la grande salle de l’auberge ; et la bonne mère Ory, qui nous attendait sur la porte, lui fit prendre tout de suite une tasse de bouillon pour la réchauffer, car elle avait bien froid.

Ce même jour, Starck et moi nous montâmes les meubles. À quatre heures, tout était en place. On fit du feu dans le poêle. Marie-Rose était si fatiguée, qu’il fallut presque l’aider à monter.

J’avais bien remarqué d’abord sa pâleur et ses yeux brillants, cela m’étonnait ; mais j’attribuais ce changement aux longues veillées, au chagrin, à l’inquiétude et surtout aux fatigues de ce voyage de trois jours, dans une voiture découverte, par un froid terrible. Mon Dieu ! n’était-ce pas naturel après tant de souffrances ? Je la savais forte ; depuis son enfance, elle n’avait jamais été malade ; je me disais que cela se remettrait, et qu’avec un peu de soins et de tranquillité elle reprendrait bien vite ses belles couleurs.

Une fois en haut, en face du petit feu qui