J’avais loué pour ta francs par mois deux petites chambres et la cuisine au second étage de la maison voisine du Lion-d’Or, chez M. Michel, jardinier, un bien brave homme, qui nous a rendu par la suite de grands services.
Il faisait très-froid ce jour-là.
Marie-Rose m’avait bien écrit qu’elle viendrait, mais sans me dire si ce serait le matin ou le soir ; j’étais donc forcé d’attendre.
Vers midi, la charrette de Starck parut enfin au bout de la rue, toute couverte de meubles et d’effets de literie.
Marie-Rose était sur la voiture, dans la grosse pèlerine de sa mère ; le grand charbonnier, devant, conduisait ses chevaux par la bride.
Je descendis et je courus à leur rencontre. J’embrassai Starck, qui venait de faire halte, puis ma fille, en lui disant tout bas :
« J’ai des nouvelles de Jean… Il a passé par Saint-Dié… C’est M. d’Arence qui lui a donné les moyens de traverser les lignes prussiennes et de rejoindre l’armée de la Loire. »
Elle ne répondit pas ; mais comme je parlais, je sentis sa poitrine se gonfler et ses bras me serrer avec une force extraordinaire.