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Le brigadier Frédéric.

Il paraissait troublé ; Marie-Rose aussi lui répondait d’une voix toute timide. Enfin, c’était clair, ils s’aimaient et s’admiraient l’un l’autre, chose naturelle quand on est en âge de se marier. Cela s’est vu dans tous les temps et se verra toujours ; c’est un bienfait de la Providence.

Donc, je n’y trouvais pas de mal, au contraire je pensais :

« Quand il me la demandera suivant les règles, nous verrons… Je ne dirai ni oui, ni non tout de suite ; il ne faut pas avoir l’air de se jeter au cou des gens ; mais je finirai par me laisser attendrir et je consentirai, car il ne faut pas non plus désespérer la jeunesse. »

Voilà les idées qui me roulaient dans la tête.

En outre, le jeune homme était de bonne famille : il avait son oncle, Daniel Merlin, maître d’école à Felsberg ; son père avait été sergent dans un régiment d’infanterie, et sa mère Margrédel, quoique retirée avec lui dans la maison forestière du Tomenthâl, jouissait à Felsberg d’une maisonnette, d’un jardin et de cinq ou six arpents de bonne terre ; on ne pouvait souhaiter de parti plus convenable sous tous les rapports.