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Le brigadier Frédéric.

XVII

Ainsi, Georges, après la perte de ma place et de mes biens, acquis par trente années de travail, d’économie et de bons services ; après la perte de notre cher pays, de nos vieux parents et de nos amis, j’avais encore une consolation : ma fille me restait, ma bonne et courageuse enfant, qui me souriait malgré ses inquiétudes, ses chagrins et sa souffrance, lorsqu’elle me voyait trop abattu.

Voilà ce qui m’accable quand j’y pense ; je me reprocherai toujours d’avoir laissé paraître ma désolation devant elle, de n’avoir pu surmonter ma colère contre ceux qui nous avaient réduits en cet état.

Ah ! c’est facile de faire bonne mine, quand