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Le brigadier Frédéric.

tion ; par exemple son oncle Daniel, le maître d’école de Felsberg, homme respectable, qui pouvait se charger d’une commission aussi délicate.

Il m’arrivait aussi de réfléchir à ce qui me regardait particulièrement. Je ne demandais pas mieux que de voir ma fille heureuse, mais il faut tâcher autant que possible d’accorder tous les intérêts ensemble. Quand on ne songe à rien, tout vous paraît simple et facile, et pourtant les meilleures choses ont leur mauvais côté.

J’avais encore près de deux ans à faire pour arriver à ma retraite ; mais après cela, si mon gendre n’était pas nommé brigadier à ma place, il allait donc falloir quitter cette vieille maison, où j’avais passé tant d’années avec les êtres qui m’étaient chers : le beau-père Bruat, ma pauvre femme, la grand’mère Anne, enfin tout le monde ; il allait falloir tout abandonner, pour vivre dans des pays que je ne connaissais pas, parmi des figures étrangères !

Cette idée me désolait.

Je savais bien que Marie-Rose et Jean Merlin me respecteraient toujours comme leur père,