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Le brigadier Frédéric.

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« Eh bien ! fit-il, voici l’affaire en deux mots : L’autre jour Merlin était si triste, que je lui demandai s’il n’était pas malade, et le pauvre garçon m’avoua, les larmes aux yeux, ce qu’il appelait son malheur. Vous avez la figure si grave, si respectable, que personne de la famille n’ose vous faire la demande. Ces braves gens ont pensé que j’aurais de l’influence. Faut-il mettre mon grand uniforme, père Frédéric ? »

Il était si gai, que malgré mon trouble je répondis :

« Oh ! monsieur l’inspecteur, maintenant tout est bien !

— Vous consentez ?

— Si je consens ! Jamais je n’ai souhaité que cela… Oui… oui… je consens et je vous remercie ! Vous pouvez dire, monsieur Laroche, qu’aujourd’hui vous avez rendu Frédéric le plus heureux des hommes. »

Je m’étais levé, j’avais déjà remis mon sac sur l’épaule, quand M. le garde général Rameau entra, pour affaires de service.

« Vous partez, père Frédéric, me dit M. l’inspecteur, vous ne videz pas votre tasse ?

— Ah ! monsieur Laroche, lui dis-je, je suis