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Le brigadier Frédéric.

trop content maintenant, pour tenir en place… Les enfants m’attendent bien sûr… il faut que je leur rapporte la bonne nouvelle.

— Eh bien, allez, dit-il en se levant et me reconduisant jusqu’à la porte ; vous avez raison, il ne faut pas retarder le bonheur des jeunes gens. »

Il me serra la main, et je partis après avoir salué M. Rameau.

Je sortis tellement heureux que je ne voyais plus clair. Ce n’est qu’au bout de la rue, en redescendant à gauche dans la vallée, que je m’éveillai de ce grand trouble d’idées joyeuses.

J’avais peut-être un petit coup de trop ; je dois le reconnaître, Georges, ce bon vin m’avait ébloui ; mais les jambes étaient solides tout de même, j’allais comme à vingt ans, en riant et me disant :

« À cette heure, Frédéric, tout est en ordre, personne n’aura rien à dire, c’est monsieur l’inspecteur qui a fait la demande ; cela vaut encore mille fois mieux que si c’était l’oncle Daniel… Ah ! ah ! ah ! quelle chance !… Allons-nous être heureux dans la baraque !… Vont-ils être contents d’apprendre que tout s’est arrangé,