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Le brigadier Frédéric.

— Ah ! il est reparti… Bon ! bon !… Il n’est pas allé bien loin, je pense ; nous avons à causer ensemble et d’affaires graves ! »

J’allais, je venais, regardant tes galettes, la corbeille pleine d’œufs, le petit corbillon rempli de farine, et Marie-Rose se dépêchant, se dépêchant sans desserrer les lèvres.

À la fin, je m’arrêtai et je dis :

« Ah ça ! Marie-Rose, c’est bon de travailler, mais nous avons autre chose à faire pour le moment… Qu’est-ce que je viens d’apprendre chez M. l’inspecteur ? Est-ce vrai que tu aimes Jean Merlin ? »

Comme je parlais, elle laissa tomber son rouleau et devint toute rouge.

« Oui, lui dis-je, voilà l’histoire ! Ce n’est pas pour te faire des reproches, Jean Merlin est un brave garçon, un bon forestier, je ne lui en veux pas… Moi-même, dans le temps, j’ai bien aimé ta mère, et le père Bruat, qui était mon supérieur, ne m’a pas chassé, ni maudit à cause de cela. C’est une chose naturelle, quand on est jeune, de penser à se marier. Mais lorsqu’on veut avoir une honnête fille et le mariage, il faut d’abord la demander à son père, il faut que tout