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Le brigadier Frédéric.

le monde soit d’accord… Tout doit marcher selon le bon sens. »

Elle était toute troublée ; mais en entendant cela, elle courut bien vite prendre un pot de réséda et le posa sur le rebord de la fenêtre ouverte, ce qui me remplit de surprise, car ma femme Catherine avait fait la même chose le jour de ma demande en mariage, pour m’appeler ; et presque aussitôt Merlin sortit du bouquet d’arbres sous les roches en face, où je m’étais aussi caché, et se mit à venir en courant à travers la prairie, comme j’étais venu moi-même, vingt ans avant !

Alors, voyant ces choses, je fis aussi comme avait fait le vieux Bruat. Je me mis dans l’allée, devant la porte de la chambre, ma fille derrière moi ; et comme Merlin entrait tout essoufflé, je me redressai et je lui dis :

« Merlin, est-ce vrai ce que M. l’inspecteur m’a raconté : que vous aimez ma fille et que vous la demandez en mariage ?

— Oui, brigadier, dit-il, en posant la main sur sa poitrine, je l’aime plus que ma vie ! »

En même temps il voulut parler à Marie-Rose, mais je criai :