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Le brigadier Frédéric.

d’avoine, de vin, de bœufs, de chevaux et de voitures on peut réquisitionner dans chaque village, pour une troupe en marche ? Est-ce qu’elles vous racontent où demeurent le maire, le curé, le maître de poste, le receveur des contributions, pour mettre la main dessus d’une minute à l’autre ? Où se trouvent les écuries pour loger les chevaux, et mille choses utiles à connaître d’avance ? Des cartes !… Est-ce que vos cartes vous donnent la profondeur des cours d’eau, la situation des gués ? Est-ce qu’elles vous indiquent les guides qu’il faut prendre ; les gens qu’il faut empoigner, parce qu’ils pourraient soulever la population ? »

Et comme je restais les bras pendants, surpris de ces choses auxquelles je n’avais jamais pensé, le père Baure s’écria de la salle :

« Eh ! mon Dieu, capitaine, qui donc peut avoir envie de venir nous attaquer ? Les Allemands !… Ha ! ha ! ha ! qu’ils viennent… qu’ils viennent !… Nous les recevrons bien ! Pauvres diables… Je rie, voudrais pas être dans leur peau… Ha ! ha ! ha ! on les arrangerait… Il n’en sortirait pas un seul de la montagne ! »

Tous les autres riaient et criaient :