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Le brigadier Frédéric.

« Oui… oui… qu’ils arrivent… qu’ils essayent… nous les recevrions ! »

Alors le capitaine rentrant dans la salle et regardant le gros Fischer, qui criait le plus fort, lui demanda :

« Vous les recevriez !… Avec quoi ?… Savez-vous ce que vous dites ?… Où sont nos troupes, nos approvisionnements, nos armes, où, où, où ? je vous le demande. Et savez-vous combien ils sont, ces Allemands ? Savez-vous qu’ils sont un million d’hommes exercés, disciplinés, organisés, prêts à partir en quinze jours, artillerie, cavalerie, infanterie ! Savez-vous cela ?… Vous les recevriez !…

— Oui, cria le père Baure ; Phalsbourg avec Bitche, Lichtenberg et Schlestadt les arrêteraient pendant vingt ans. »

Le capitaine Rondeau ne se donna pas seulement la peine de lui répondre, et montrant par la fenêtre les bûcherons qui s’en allaient, il me dit :

« Regardez, père Frédéric, regardez !… Est-ce que ce sont là des bûcherons ? Est-ce que nos bûcherons marchent en rang, est-ce qu’ils emboîtent le pas, est-ce qu’ils ont les épaules effa-