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Le brigadier Frédéric.

leurs pelles et leurs haches, au premier commandement, parce qu’il serait peut-être nécessaire de faire sauter des roches et de couper les chemins, au moyen de tranchées et d’abatis.

« Vous comprenez, dit-il en me voyant un peu troublé, vous comprenez, père Frédéric, que ce sont de simples mesures de prévoyance, rien n’est menaçant ; le maréchal de Mac-Mahon se concentre près de Haguenau, tout est en mouvement, nous n’avons rien à craindre d’immédiat ; mais le principal, c’est d’être prêt en cas de besoin ; quand tout est prêt, on agit rapidement et sûrement. Je puis recevoir un ordre du général de Failly de couper les routes, et dans un cas pareil, il faut que l’ordre s’exécute en quelques heures.

— Ce ne sera pas long, monsieur l’inspecteur, lui répondis-je, partout des rochers se penchent sur nos chemins ; en tombant ils entraîneront tout au fond des vallées.

— Justement, dit-il. Mais d’abord il faut que notre monde soit prévenu. La poudre de mine ne nous manque pas ; si l’ordre arrive, tous mes collègues ayant pris les mêmes mesures, ce sera l’affaire d’une journée de Bitche à Dabo ; pas un