Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

73
Le brigadier Frédéric.

canon, pas un caisson ne passera d’Alsace en Lorraine. »

Voilà ce qu’il me dit, en me reconduisant jusqu’à la porte, et en me donnant une bonne poignée de main.

Comme je m’en allais tout pensif, j’aperçus sur les hauteurs de l’Altenberg, quelques soldats en train de planter une ligne de palissades le long de la côte. Le plus grand trouble régnait au faubourg, les gens couraient d’une maison à l’autre chercher des nouvelles ; deux ou trois compagnies d’infanterie campaient dans un champ de pommes de terre.

Tout ce jour et le lendemain je ne fis que porter les ordres de M. l’inspecteur, de la Frohmühle à Echbourg, d’Echbourg à Hangeviller, au Graufthâl, à Metting, etc., prévenant chacun de ce qu’il aurait à faire, des endroits où l’on se réunirait, des rochers qu’il faudrait attaquer.

Enfin, le second jour je rentrai tellement las à la nuit, qu’il me fut impossible de manger, ni même de m’endormir pendant quelques heures. Pourtant, vers le matin, j’avais fini par tomber dans un profond sommeil, quand Marie-Rose,