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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/110

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tend rester différent d’eux. Or, dans les sociétés en guerre, comme l’a été jusqu’à ce jour la société humaine, vouloir rester différent des autres, c’est se constituer leur ennemi : c’est leur faire la guerre par tous moyens, justifié qu’on est par la fin vers laquelle on tend, la victoire !

Tant que l’organisme social opposera les hommes et les intérêts les uns aux autres au lieu de les faire valoir les uns par les autres il résultera de cet antagonisme entre la Nature et la Société que les instincts les plus imprescriptibles de l’homme tourneront contre son bonheur.


XI.   Dès que l’homme a posé son autonomie, son moi, son authenticité, il veut en faire reconnaître la supériorité par ses semblables ; il aspire à l’autorité, à l’autocratie. Il n’est pas un homme qui ne recherche sur les autres une supériorité quelconque. L’autocrate de l’empire russe n’est pas plus coupable que l’autocrate de ma famille ; je n’ai jamais autant souffert du despotisme de Napoléon III que de celui de mon père.

Dans tout milieu hiérarchisé l’homme obéit à son intérêt et à son penchant en tendant à l’absolu pouvoir. Comme il faut qu’il soit dessus ou dessous les autres, il préfère être dessus. Il y a plus de la nature de l’homme chez le tzar Nicolas que chez le roi Léopold. Car tous les rois désirent le pouvoir absolu ; et quand ils ne le prennent pas, ce n’est pas la bonne volonté qui leur manque. Je ne crois au dévouement et à la vertu de personne, pas même des rois.


XII.   De ce que je viens de dire, il résulte que l’homme s’affirme dans son moi ; — qu’il tend à faire prédominer sa supériorité partout ; — que le Despotisme est dans les entrailles de tout gouvernement.


XIII.   Avez-vous des yeux seulement pour faire l’a-