Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/134

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çaise, qui était une révolution exécutive, furent obligés d’unifier au moyen de la Force. Nous qui travaillons à une révolution pensante, nous sommes contraints de diviser par la Pensée — ce qui est toujours unifier.

À proprement parler, il n’y a aucune puissance absolument réactionnaire ou absolument progressiste : toutes sont révolutionnaires. Il n’est pas un homme qui ne fasse de la révolution sans le savoir. Les tyrannies les plus absolues et les démocraties les plus anarchiques servent à la révolution soit directement, par les réformes qu’elles opèrent, soit indirectement, par la terreur qu’elles inspirent. Les sociétés ne parcourent que par bonds le cycle de leur existence. À mesure que l’humanité avance en âge, les secousses deviennent certainement moins violentes, les guerres moins sanguinaires, les révolutions moins homicides. Mais toujours subsistera, dans la nature humaine, le dualisme entre le moi et le non-moi, entre l’âme et le corps, entre la Pensée et la Force. La vie, soit individuelle, soit sociale, est à ce prix. Ne perdons jamais de vue le problème qu’il nous faut toujours résoudre.

En ce qui touche la Révolution organique et sociale de la fin de ce siècle, l’Idée a fait son œuvre ; partout elle a rassemblé les matériaux que la Force, ouvrière diligente, doit maintenant utiliser.

Les écoles allemandes et françaises, Kant, Fichte, Hégel, Saint-Simon, Fourier, Pierre Leroux, Proudhon ont traduit, chacun suivant ses facultés spéciales, les aspirations de la jeune Europe occidentale. La semence est au sillon. Il faut maintenant que le fer des charrues et que le fer des lances passent à travers le sol, et aussi à travers les hommes qui sont l’argile où germent les idées.

Je désire que mes intentions révolutionnaires ne puissent être méconnues de personne. J’insiste donc sur le