Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/147

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c’est un déchaînement d’opinions qui toutes se contredisent et se tiennent en échec. On dirait déjà la fermentation vermineuse du Cadavre. Que parlez-vous de liberté, d’honneur, de patrie ? La France est morte ! Rome, l’Italie, la Hongrie, la Pologne, le Rhin, agenouillés sur son cercueil, récitent son De Profundis ! ! » (Confessions d’un Révolutionnaire.)

Oh ! la superbe, la triple oraison funèbre que celle-là ! Bossuet ne fit pas mieux. Voilà une nation dûment enterrée avec tous les honneurs dus au rang qu’elle occupe parmi les immortelles ! ! Non, jamais, ô P.‑J. Proudhon, français et franc-comtois ! jamais étranger ne porta plus terrible jugement que vous sur votre patrie française. Jamais Anglais insolent, Allemand métaphysique, ou Italien bigot ne se montrèrent aussi impitoyables envers la race élue entre toutes.

— Et après cela, comment pouvez-vous donc prétendre que votre pays doive rajeunir et unifier l’Europe, vous physiologiste ? Comment vous, organicien et anarchiste, vous illusionnez-vous assez pour croire que ce sont les gouvernements précédents qui ont fait le mal, et que le gouvernement actuel pourra les guérir ? Ne nous avez-vous pas prêché, à nous jeunes socialistes, que les gouvernements, expression passive des sociétés, étaient par nature réacteurs ? Hélas ! quand un peuple roule dans l’abîme sans fond de la Décrépitude, quand son organisme est vieux et son âme noire, quand ce peuple s’est livré….. il ne saurait renaître que par la Mort ! La gangrène n’engendre que la vermine ; vous l’avez dit vous-même, P.‑J. Proudhon[1] !

  1. J’ai recueilli les aveux des trois Français dont les noms ont le plus de valeur comme obstination gouvernementale, génie philosophique et profondeur littéraire : — Napoléon III le Taciturne, J.‑P. Proudhon et Balzac. — Bien d’autres se sont rendus coupables du crime sacrilège de lèse-patrie et partageront mon éternelle damnation. Pour peu qu’on m’y contraigne, j’entreprendrai, pour la première fois de ma vie, un recueil de citations au moyen desquelles je démontrerai jusqu’à l’évidence qu’il n’est pas un Français sachant un peu manier la parole ou la plume, qui ne soit convenu de la décadence de la France. Tant l’atmosphère française est sursaturée de l’odeur fade du cadavre ! tant la vérité force l’hommage de tous !