Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/150

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de Julien, — la capitale de Clovis et de Robert-le-Fort, — le plus beau fleuron de la couronne de Philippe-Auguste, — le pressoir des révolte, rouge encore du sang de la Saint-Barthélemy et de la Révolution française, — le siège des oints consacrés où l’on ramena Charles VII et Louis XVI menacés de perdre une couronne, — la ville enviée des Normands qui reconnut Henri VI d’Angleterre pour son légitime souverain, — le Paris de Louis XIV et de Napoléon, — la ville qui fait ou défait tout, qui règle tout : le caractère, la science, la langue et les battements de cœur de trente-six millions d’hommes !

Paris ! qui sanctionne toute gloire comme tout scandale ; — qui confisque tout ce que l’industrie, les arts, les lettres et les sciences produisent, du Nord au Midi ; — qui suce le sang des provinces, leur enlève leurs forces vives, leurs jeunes intelligences et leurs aspirations grandioses ; — qui veut tout, absorbe tout, et ne rend rien que des cadavres amaigris par le désespoir, aujourd’hui celui de Gilbert, et demain celui de Moreau ! — L’abîme toujours béant au milieu de l’Europe dont il attire les hommes ambitieux, comme la lumière du soir attire les papillons privés de brillantes couleurs !

Paris ! aux mille égouts, dont les plus propres sont sous terre ; — aux mille orgies, dont les moins infâmes ont pour témoin la nuit ; — aux mille spéculations suspectes, aux mille vols honorés, aux mille hypocrisies triomphantes ! — Le glorieux bazar où les esclaves blanches sont vendues en plein jour par des mères ou des maris d’emprunts ! — La sentine des passions délirantes, le grabat des insomnies désespérées, des suicides, des agonies atroces ! — La couche souillée des amours à fantaisies lugubres, à convoitises effrénées, à érections déchirantes, qui demandent à chaque heure des formes nouvelles et des chairs fermes : chairs de femmes ou d’adolescents !