Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/160

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XI.   Ce n’est bien certainement ni le fer, ni la poudre, ni la torche qui manquent aujourd’hui. Ce n’est pas non plus l’âme de la Révolte, que chaque déshérité renferme ardente en lui. Mais c’est le pain du jour et celui du lendemain, sans lequel toute révolution est impossible. Littéralement, tout homme est enchaîné à un maître, et de son opinion dépend sa vie. L’asservissement de la pensée à l’industrie et à la propriété privilégiées est devenu général ; la solidarité dans l’injustice s’est étendue sur tous les hommes et paralyse leurs mouvements, comme le ferait une maladie de langueur. — Les sociétés sont telles que les milieux l’exigent.

Et cela partout. — Depuis un demi-siècle, les intérêts de toutes les bourgeoisies sont les mêmes. Grâce à eux, se conserve à travers les péripéties les plus difficiles, la paix artificielle proclamée par les traités de Vienne. L’industrie, les découvertes, les chemins de fer, les lignes téléphoniques, la navigation à vapeur, le commerce, exploités par le privilège, ont relié les intérêts bourgeois d’une contrée à l’autre ; d’un continent à l’autre continent. Dans toutes les branches de l’activité humaine, les fils de la Bourgeoisie ont tracé, comme le chiendent et les herbes mauvaises, pratiquant, trafiquant, exploitant le travail social, l’étouffant, comme le gui qui étrangle le chêne dans ses embrassements mortels. Ils occupent le monde par la plus tenace des associations, celle du vol. Les découvertes du Travail n’ont encore servi qu’à l’Oisiveté. Il n’y a place que pour les bourgeois au soleil de la Civilisation !

Ces braves gens-là ! ils reposaient si heureux à l’ombre de leur vigne volée ! ils digéraient si tranquillement au milieu de leurs ouvriers mourant de faim ! leurs affaires allaient si bien depuis que ces misérables partageux étaient rentrés définitivement dans l’ordre ! il était si touchant le tableau de la famille patriarcale ! ! En vérité, ce Nicolas