Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/159

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Serait-ce que tous les peuples et tous les gouvernements de l’Europe occidentale fussent atteints, depuis cinquante ans, d’une couardise endémique ? Serait-ce qu’ils ne ressentissent plus aussi vivement l’injure ? Se contenteraient-ils d’essuyer avec des rognures d’ultimatums les crachats qui les souillent ? Quoi ! sur la France, par exemple, auraient passé quatre gouvernements aussi divers que possible d’origine et de tendances, y compris le chevaleresque Charles X et la vigoureuse République ; — quoi ! des centaines de ministres se seraient remplacés aux affaires, y compris le capitaine Thiers et le tribun Ledru ; — et tous ces gouvernements et tous ces hommes, faisant violence à leurs instincts les plus impérieux, se seraient entendus pour conserver la paix à tout prix, au prix même d’interventions ruineuses et lâches contre les opprimés de l’Europe ! Et Louis-Philippe seul serait responsable des expéditions d’Ancône et d’Anvers, de l’indemnité Pritchard et du bombardement de Beyruth ! Et la honte du siège de Rome ne reviendrait qu’au général Cavaignac et à Louis Bonaparte !

Cela ne doit pas être, cela ne serait pas juste. Les principes organiques qui régissent les civilisations ont cela de particulier que tous les hommes et toutes les classes sont tenus de s’y conformer, soit pour leur bonheur, soit pour leur malheur, jusqu’à ce qu’une puissance supérieure, révolution, guerre ou cataclysme, détruise d’un seul coup les conséquences que ces principes ont accumulées pendant des siècles. Quoi qu’en ait chacun de nous, il lui faut donc vivre selon les exigences de la dernière et de la plus misérables des phases sociales enfantées par le Monopole. ET les gouvernements d’aujourd’hui ne peuvent représenter en Occident que des intérêts bourgeois, c’est-à-dire craintifs jusqu’à l’évanouissement, quand il s’agit de guerre. La Bourgeoisie finirait pas rendre peureux même Louis Bonaparte !