Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/163

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sur leurs comptoirs. La peur, la peur, vous dis-je, voilà le lien d’association entre les bourgeois de nos jours !

Dès la fin du dernier siècle, cet esprit cyniquement mercantile de la Bourgeoisie avait été deviné par l’impressionnable Jean-Jacques : « Il n’y a plus aujourd’hui, écrivait-il, de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise : il n’y a que des Européens. Tous ont les mêmes goûts, les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu de forme nationale par une éducation particulière. Tous, dans les mêmes circonstances, feront les mêmes choses : tous se diront désintéressés et seront fripons ; tous parleront du bien public et ne penseront qu’à eux-mêmes ; tous vanteront la médiocrité et voudront être des Crésus. Ils n’ont d’ambition que pour le luxe ; ils n’ont de passion que celle de l’or. Sûrs d’avoir avec lui tout ce qui les tente, tous se vendront au premier qui voudra les payer. Que leur importe à quel maître ils obéissent, de quel état ils suivent les lois ? Pourvu qu’ils trouvent de l’argent à voler et des femmes à corrompre, ils sont partout dans leur pays. »

… Tel est l’organisme des société civilisées ; tel est l’esprit de la Bourgeoisie ; tels sont les intérêts qui la détournent de la guerre et que tout gouvernement doit respecter s’il ne veut pas se mettre en hostilité avec la nation. Car le gouvernement est tyranniquement gouverné par l’opinion. Et que voulez-vous que fasse un empereur contre tous ? Qu’il obéisse ! Que voudriez-vous que fît un Dictateur républicain ? Rien de plus, qu’un beau discours peut-être ? — Verba volant. —


XIII.   Il est facile aux oppositions de dire : Jetons vingt mille hommes sur le Rhin ; que l’uniforme de nos soldats brille au sommet des Alpes et le drapeau tricolore au faîte des capitales. Il est facile d’écrire un traité sur l’artillerie