Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/164

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et de songer à délivrer la Pologne ; on y a pensé depuis Louis XV jusqu’au 15 mai 1848. M. Victor Hugo y pense encore. — M. Louis Blanc avait écrit de magnifiques palabres sur l’initiative de la France et l’émancipation des peuples par nos armes ; M. Louis Blanc soutenait que les gouvernements sont capables de tout faire et que le mot impossible devait être effacé du dictionnaire français. Et depuis M. Louis Blanc a été gouvernement lui-même, et il n’a pu faire davantage que les autres. — M. Marrast aussi avait dit sur la tombe d’Armand Carrel : « Ce n’est plus à la France d’être sage avec l’Europe, c’est à l’Europe d’être sage avec la France. » Et depuis, M. Armand Marrast a été gouvernement, et la France s’est montrée, vis-à-vis de l’Europe, sage comme devant. — M. Ledru-Rollin, qui déclama si aigrement contre la politique couarde de Louis-Philippe et de Napoléon III, était aussi cependant de ce gouvernement provisoire qui se contenta de répandre quelques fleurs de rhétorique sur les agonies des nations les plus courageuses. M. Bonaparte enfin, le débris le mieux conservé d’un héroïque empire, M. Bonaparte est maître absolu de la France ; il a fait un superbe livre de stratégie. Sera-t-il moins bourgeois en pratique que ses prédécesseurs ? Jusqu’ici, il ne semble guère. Et s’il tente de l’être moins, qui le soutiendra ? qui lui fournira des levées d’hommes et des contributions d’argent ? Sa première campagne ne sera-t-elle pas son Waterloo ? son prochain et dernier exil, quelque Sainte-Hélène glacée de la Laponie russe ?...

Pourquoi toutes ces protestation belliqueuses, sincères sans doute, de la part de l’opposition, n’ont-elles pas abouti quand les oppositions sont devenues pouvoirs ? Parce que les gouvernements ne sont, je le répète, que l’expression des sociétés, et que les sociétés civilisées répugnent à la guerre. Je rappelle à qui il importe de le savoir, que la