Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/186

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insurrections de Kasan, de Vistke, de Tambow, où l’on a dû avoir recours aux canons ?.....

» La soif de l’instruction s’empare de toute la nouvelle génération ; les écoles civiles ou militaires, les gymnases, les lycées, les académies regorgent d’élèves : les enfants des parents les plus pauvres se pressent aux différents instituts. Le gouvernement qui alléchait encore en 1804 par des privilèges, les enfants à l’école, arrête par tous les moyens leur affluence, ou crée des difficultés à l’admission, aux examens, ou impose les élèves ; le ministre de l’instruction publique limite par une ordonnance l’instruction des serfs. Cependant l’université de Moscou devient la cathédrale de la Civilisation russe ; l’empereur la déteste, la boude ; il exile chaque année une fournée de ses élèves ; il ne l’honore pas de ses visites en passant par Moscou. Mais l’université fleurit, gagne en influence ; mal vue, elle n’attend rien, poursuit son travail et devient une véritable puissance. L’élite de la jeunesse des provinces avoisinant Moscou se porte à son université, et chaque année, une phalange de licenciés se répand dans tout l’état en fonctionnaires, médecins ou précepteurs.

» Au fond des provinces, et principalement à Moscou, s’augmentait à vue d’œil une classe d’hommes indépendants n’acceptant aucun service public et s’occupant de la gestion de leurs biens, de science, de littérature, ne demandant rien au gouvernement, si ce n’est de les laisser tranquilles. C’était tout le contraire de la noblesse de Pétersbourg attachée au service public et à la cour, dévorée d’une ambition servile, qui attendait tout du gouvernement et ne vivait que par lui. Ne rien solliciter, rester indépendant, ne pas chercher de fonctions, cela s’appelle, sous un régime despotique, faire de l’opposition. Le gouvernement voyait d’un mauvais œil ces