les gouvernants servent les intérêts privilégiés et étendent à un continent entier l’exploitation des riches dont les pauvres sont victimes. Car la douane n’est autre chose que l’intérêt prélevé par la compagnie du gouvernement sur toute une nation. Autrefois, les peuples étaient parqués d’après les convenances des aristocraties ; ils le sont aujourd’hui d’après celles des pouvoirs, serviteurs de la Bourgeoisie commerçante et propriétaire. Le nom seul a changé, l’esclavage reste. Pour accroître leurs richesses et leur marché, les grandes nations opprimeront les petites tant que l’humanité ne sera pas régie par de nouveaux contrats qui, replaçant les sociétés et les individus dans des conditions organiques normales, assureront à chaque homme et à chaque peuple sa liberté, les arracheront à la tyrannie de l’aubaine et de l’usure, et les relieront tous par une répartition équitable et un échange non interrompu entre la Production et la Consommation.
B. — Politiquement, les vainqueurs de Waterloo promenèrent le glaive sur l’Europe, traçant de sa pointe ensanglantée des divisions arbitraires, intolérables ; les traités de 1815 achevèrent l’œuvre d’iniquité commencée par ceux de Ryswick et de Westphalie. Le fameux équilibre européen ne peut reproduire en politique que les monstruosités qui gisent au plus profond de l’état social. Il ne retient pas plus les nations dans leur soif de conquête que les constitutions civiles n’enchaînent les citoyens dans leur convoitise de gain ; il laisse la force aux prises avec la faiblesse ; il justifie les spoliations les plus injustifiables, sans faire droit jamais aux réclamations les mieux fondées. Rédigées sous l’hypocrite prétexte d’assurer la bonne harmonie entre les États européens, les stipulations de Vienne n’ont satisfait personne et n’ont eu d’autres effets, comme toutes les annexions forcées, que des révoltes fatales. Les