Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/196

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lir ses révélations dernières. Comme le vieillard qui meurt, la société civilisée laisse après elle une Idée. — L’Idée, c’est le dernier flambeau qui brille sur une couche mortuaire.


III.   Socialement et politiquement, les nations de l’Europe centrale ne peuvent plus exister.

A. — Socialement, elles ont retiré des principes de propriété, de monopole et de concurrence tout ce que ces principes pouvaient produire. Dans leur jeunesse, quand leurs besoins et leurs populations étaient limités, elles trouvaient le bonheur dans l’ordre civilisé ; aujourd’hui qu’elles sont décrépites, elles n’y trouvent plus que la misère. L’extrême division de la propriété condamne le petit propriétaire à mourir de faim ; le commerce fait périr l’ouvrier et le petit débitant par la commission de détail et l’infinie concurrence ; partout l’intermédiaire oisif exploite le travail, la science, la religion, dont il confisque les produits à son profit. Il résulte de ces désordres qu’en même temps que les privilèges affament les autres, ils s’épuisent eux-mêmes par l’excès de privations. Toutes les chartes, constitutions et législations ont été et seront impuissantes à rétablir l’harmonie entre des gouvernants et des peuples qui vivent sur un pareil organisme. Contre ces constitutions, les gouvernants réclameront éternellement par des décrets et des coups d’état, les peuples, par des protestations et des insurrections, sans que rien soit changé pour cela dans le malaise des sociétés.

Tant qu’il y aura des hommes prolétaires, il y aura des nations pauvres ; et le même instrument d’oppression, le gouvernement, qui conserve les privilèges entre individus, les conservera de peuple à peuple, au moyen des douanes ;