Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/205

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réaliser une horde prête à se jeter sur les nations d’occident. L’armée, c’est la Russie ; et la Russie, c’est une armée. »

Je recueille avec grand soin ces aveux de deux auteurs slaves. Et je leur demande si les despotismes de conquête ne doivent pas être aussi militaires, aussi pauvres de pensée, aussi banalement prosaïques que possible ? Je leur demande si l’excessive pauvreté ne vaut pas mieux que l’extrême richesse en fait de gouvernementalisme ? Je leur demande si le fer et le bronze sont les joyaux de luxe et des hochets pour la mollesse ? Et s’il ne faut pas des mains rudes, grossières, sanglantes même pour saisir le glaive et charger le canon ? — Je crains bien qu’en haine du Tzarisme, MM. les auteurs slaves ne soient devenus beaucoup plus civilisés que nous. Nous en recauserons....


V.   Par traditions, par mœurs, par croyances, par préjugés, si l’on veut, les Slaves sont des peuples propres à la conquête. Cela est écrit dans leur religion, dans leurs hymnes nationaux, dans leurs prédictions de victoires, dans leurs incompressibles tendances. Je suis convaincu, et c’est l’opinion de tous ceux qui connaissent la Russie, je suis convaincu que, devant la soif inassouvie d’invasion qui s’est emparée du peuple en général et des Cosaques de la petite Russie en particulier, le tzar Nicolas ne pourrait se retirer de la lutte actuelle sans les plus grands dangers pour sa personne.

C’est que, dans l’empire russe, le révoltes ne se font pas à demi. Ce sont des soulèvements généraux comme celui des paysans sous Pougatcheff, ou des attaque sans mesure contre la propriété, comme celle que dirigea Pestel, ou encore des hautes-œuvres qui s’accomplissent mystérieusement dans les redoutables ténèbres des Kremlins, comme celles dont l’habile race des Orloff s’est réservé le monopole.