Cosaques sont, en effet, les populations les plus centrales, les plus belliqueuses, les plus indépendantes, les plus sauvages de la Russie ; son cœur et son bras. Ce sont elles qui peuvent nous donner le portrait fidèle du caractère slave primitif.
Endurcis à la fatigue des expéditions longues et des pénibles travaux de l’agriculture, labourant avec l’uniforme de guerre et le sabre au flanc, dressant leur chevaux à tirer la charrue pesante ou à galoper dans les steppes spacieuses, les Cosaques sont de vrais soldats-laboureurs ; c’est à la pointe de la lance qu’ils commercent et vivent.
La Russie n’a pris un prodigieux essor que depuis l’incorporation des Cosaques à son empire. De même que l’homme cruel attire dans ses filets les joyeux oiseaux des champs avec ceux qu’il a pris et mutilés la veille, de même les Tzars ne sont parvenus à réduire les tribus nomades du centre et du sud que par les premiers Cosaques qu’ils ont intéressés à leur œuvre d’unification.
Les Casaques, à la fois nomades et sédentaires, servent naturellement d’intermédiaires entre la Russie à peine ébauchée du tchinn et la Russie sauvage encore, entre le gouvernement brut et l’anarchie brute. À la fois cultivateurs et guerriers, eux seuls sont propres à l’œuvre de cette civilisation étrange qui s’avance, le glaive dans une main et le hoyau dans l’autre. Ne se fixant jamais, les tribus cosaques sont éminemment propres à recevoir des impressions nouvelles, à se modeler sur les peuples au milieu desquels elles passent, à rapprocher l’habitant du Nord de celui du Midi. Ces bandes nomades sont entre les mains des Tzars comme autant d’empreintes vivantes des coutumes qu’ils veulent transporter d’un pays dans un autre, comme autant de pierres qu’ils lancent sur l’Océan des peuples qui les entourent, afin d’agiter toutes ces têtes