Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/223

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caffards, seigneurs et maîtres. Mais aussi, souvent, la force humaine, par les efforts de son intelligence ou de son travail, tourne la puissance de l’univers contre lui-même.

Que l’homme se console donc de son éphémère durée en songeant que l’univers n’est que relativement plus fort que lui ; — que si l’univers le transforme dans le présent, lui, l’homme, transformera l’univers dans l’avenir, et que le dernier de ses neveux bouleversera le monde terrestre et l’aura bientôt recréé d’après les découvertes de son génie.

Oui, nos découvertes de plus en plus audacieuses opéreront cette transformation successive de notre globe. Ne l’avons-nous pas tellement altéré déjà par le fer, le feu, la vapeur et l’eau, qu’un homme primitif, s’il pouvait revenir parmi nous, croirait au passage d’un déluge universel ? Qui pourrait dire que les révolutions des continents ne s’opèrent pas ainsi, et que le dernier être campé sur eux n’est pas le Dieu qui les transforme en s’épuisant lui-même ?

L’univers et l’homme combattent avec des armes différentes dans cette grande lutte de la vie, mais leurs succès se balancent. Le triomphe réel, c’est la prolongation de la vie générale par l’équilibre des victoires et des défaites des deux adversaires.

Que l’homme supporte donc l’action plus forte de l’univers, encouragé par cet espoir de la victoire future ; qu’il la supporte comme le soldat, la marche et les fatigues qui le conduisent aux triomphes lointains. — La vie est une guerre sans trêve.

Mais la Révolution, c’est l’Inconnu, et la terreur de l’Inconnu nous donne la chair de poule, chantent pieusement les bonnes âmes bourgeoises. — Stupides bipèdes ! Mais l’Inconnu, c’est l’espérance ; le Connu, c’est le Désespoir ou tout au moins l’Ennui !