Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/224

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D’où je conclus :

Je ne me raidis pas contre la prochaine transformation des peuples ; j’affirme qu’elle est utile ; je l’attends comme une délivrance. J’ai déchiré la carte d’Europe entre mes dents.

Je végète en Civilisation ; je n’y suis ni heureux ni libre. Pourquoi donc souhaiterais-je que cet ordre homicide fût conservé ?

La France et l’Occident, seraient-ils les plus grands peuples du monde, n’échapperont pas à la loi de transformation subie par les univers. L’Europe balancera la France et l’Occident d’un seul haussement de ses épaules larges, et poursuivra glorieusement sa carrière au milieu des mondes soulagés[1].

Il n’est pas d’hommes, il n’est pas de nations éternellement indispensables. Autour de nous le sol est couvert des ossements des plus grands hommes et des débris des plus grands peuples. Le Temps les foule sous ses pieds sonores comme nous les herbes du chemin. Les reliques sacrées du Parthénon ont passé par les poches de lord Elgin et sont ensevelies maintenant dans les avares tenèbres du British Museum. La place de la Révolution a bu aussi avidement le sang d’André Chénier que celui de Louis Capet et du citoyen Chaumette. Qu’ont à répondre à la voix des siècles les patriotes frrrançais, réclamant l’immortalité pour leur

  1. Les hommes grandement illustres de ce temps n’envisagent pas cette question comme moi :

    « ... Nul ne sait... question profonde !
    Ce que perdrait le bruit du monde,
    Le jour où Paris se tairait ! ! ! »

    s’écrie M. Victor Hugo. — Moi je ne trouve pas la question profonde, citoyen comte ! J’estime que c’est peu de chose dans le monde que du bruit, et que Paris n’étant plus guère bon qu’à faire du tapage, la suppression de Paris importe fort médiocrement aux destins de l’humanité.