de ses semblables, et au bout d’un certain temps, il s’apercevra de tout ce qu’il perd en dehors du mouvement social. S’il s’est cru assez riche pour se passer de tous rapports de travail avec le monde, il prendra de l’obésité, et peu à peu l’intelligence sera étouffée en lui par la matière. S’il s’est cru assez fort de son droit pour se tenir en dehors de toutes relations contractuelles, son orgueil grandira dans la solitude aux dépens de sa santé chaque jour altérée par les privations qu’il endure ; il deviendra haineux, irascible, ambitieux dans le vide, et dupe de quelques intrigants qui affecteront les mêmes antipathies que lui. Aujourd’hui ni rois ni proscrits ne peuvent se dérober à la solidarité dans le Mal. — Ah ! quand donc viendra, pour nous, l’inévitable solidarité dans le Bien !
L’homme n’échappera donc pas à l’action du milieu social, même en se détachant de lui ; au contraire, il en souffrira bien davantage encore. Car il sera beaucoup plus isolé pour résister à tous les agents de destruction qui le menacent, et il aura cependant gardé la même constitution accessible à tous.
Ainsi la graine, emportée par les vents sur un rocher désert, germe et produit une plante, pour peu qu’elle trouve assez de poussière pour la recouvrir. Mais elle souffre plus de la rage des éléments que celles qui sont tombées en sol fécond. Elle souffre, la pauvre graine, pour la propagation de son espèce ? Pourquoi ses ailes membraneuses ont-elles donné plus de prise aux vents ? Pourquoi était-elle plus belle et plus forte que les autres ? Elle a été choisie pour les épreuves parce qu’on porte ordinairement la peine de ses qualités. Cela est prouvé par les migrations des plantes et les déportations des hommes. Malheur ! malheur sur l’exilé !
Je conclus :
L’Europe du dix-neuvième siècle est en état d’équilibre,