Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La phase de décroissance des nations est en creux, leur phase d’accroissement est en relief. Je veux dire que tant que les nations sont jeunes, elles travaillent avec des forces indomptées et inventent, tandis que, quand elles sont vieilles, elles perdent successivement tout ce qu’elles ont créé, parce que de plus jeunes s’en emparent. Les institutions des peuples vieillis sont les moules dans lesquels passent les institutions des peuples neufs ; l’empreinte de l’avenir est prise sur le relief du passé. — Les idées sont les biens les plus précieux des générations ; elles restent en héritage dans l’humanité.


VII.   On ne peut assigner à l’Humanité ni durée certaine ni caractères fixes ; sur ce point, tout est doute : nous ne savons rien de nous-mêmes que relativement. D’où résulte qu’on ne peut pas affirmer qu’il y ait eu création, qu’il y aura jugement dernier ; qu’il ait existé une sauvagerie complète, que nous soyons en civilisation absolue, non plus qu’il y aura jamais socialisme définitif.

Le Progrès est un mirage qui recule à mesure que nous avançons. La Perfection est une amorce jetée devant nos convoitises vaniteuses pour nous faire supporter plus patiemment les épreuves de l’existence. Au moyen de ces deux mots, cependant, les philosophes conduisent les hommes et les rois les gouvernent.

Je ne prétends point que les idées de Progrès et de Perfection soient fausses dans leur essence, je les crois utiles, au contraire quand elles sont maintenues dans des limites relatives. C’est pourquoi je veux établir que ce ne sont que des aspirations et les dépouiller ainsi de ce qu’elles ont de dangereux pour nous.

L’idée trop exclusive de Progrès devient dangereuse en ce que l’homme ne se rend plus compte du rôle souvent révolutionnaire d’agents plus forts que lui, en ce qu’il