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travail de composition et de décomposition d’un organe que je pénétrai les mystères de destruction et de renaissance d’une société.

Au milieu de notre corps, en effet, de même qu’au milieu des sociétés, les forces décomposantes creusent sans cesse un abîme que les forces recomposantes comblent sans cesse. — Éternel travail des Danaïdes ! telle est notre vie. — Sur notre cadavre, au contraire, et sur les ruines des sociétés, les forces recomposantes élèvent sans cesse des germes que les forces décomposantes détruisent sans cesse. — Éternel travail de Sisyphe ! telle est notre mort. — Squelette et sperme ne paraissent rien que néant ; un épicier n’en donnerait pas la façon d’un blanchissage.

Tant que les forces composantes et les forces décomposantes s’équilibrent, nous restons sous la forme présente. Mais dès qu’elles cessent un seul instant de se balancer, nous nous transformons. Si ce sont les forces composantes qui l’emportent, nous venons au jour ; si ce sont les forces décomposantes, nous rentrons sous terre. Dans les deux cas nous demeurons dans le monde. Car tout est dans tout, rien ne se fait de rien ; le néant est un mot, et la Mort et la Vie, deux autres ; il n’y a qu’une chose vraie, l’éternelle circulation de toutes choses par leurs actions et réactions réciproques. La Vie et la Mort commencent par les mêmes phénomènes.


IX.   Je le démontre par deux exemples.

J’ai sous les yeux un poumon ravagé par la phtisie. Cet organe est le théâtre d’une lutte acharnée entre les forces décomposantes et les forces décomposantes. La caverne où siège le mal est en petit un cadavre qu’occupe la Mort ; les tissus ambiants sont en petit un fœtus où la vie rassemble ses ressources pour forcer la mort à lever le siège. Dans cet atelier transformateur, à mesure que le principe mor-