Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/249

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culations, vont-ils donc m’enseigner que le Cadavre vit et qu’il y a toute une science dans la vie du Cadavre ?

Nos maîtres sont ainsi. Ils nous amènent en face des questions les plus formidables, en face de la mort, et nous disent à l’oreille : Il y a là un problème terrible, un secret impénétrable ; — qu’il vous suffise de savoir qu’un cadavre est un cadavre et un globule de sang un globule de sang. Nous-mêmes nous ne devons en connaître que cela !

Ah ! vous ne savez que cela, beaux porteurs d’hermine, habiles escamoteurs de membres, braves savants à répétition ! vous ne savez que cela, et vous ne souffrez pas de votre ignorance ! Et parce que vous n’avez jamais osé soulever le voile de la vierge décharnée qui s’appelle la Mort, vous pensez que des imaginations ardentes ne le déchireront pas ! Mais vous oubliez donc que l’espèce humaine est curieuse, et que c’est grâce à sa curiosité que notre première mère connut le bonheur, et que nous le connaîtrons tous !

Pour ma part, les prêtres et les docteurs m’ont fait voir deux choses de trop, le Saint-Sacrement et le Cadavre. Et j’ai juré de pénétrer jusqu’au fond du sanctuaire et de disperser, parmi le peuple, les dernières reliques de la religion et de la science. Et je dirai au peuple : Vois ce que valent les autorités les plus renommées ; vois et foule aux pieds ! — C’est de tout temps qu’il faut chasser les marchands du temple.


VIII.   Elles n’ont pas été perdues pour moi, les heures passées dans les amphithéâtres, avec les morts, je songeais toujours à autre chose qu’aux exigences du prochain examen. J’observais le théâtre des dernières luttes que la vie et la mort se livrent sur notre organisation fragile ; j’admirais les travaux de défense de l’une et les plans d’attaque de l’autre, lorsque toutes deux, pour remporter la victoire, déploient leurs efforts suprêmes. Et c’est en étudiant le