Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/263

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au peuple vaincu, parce qu’en épuisant la nation, elle renforce le despotisme. — La guerre d’Orient est une bonne fortune pour M. Bonaparte, Empereur de la victoire.

Cependant, encore aujourd’hui, la guerre est dans la fatalité des temps ; elle est un de ces rendez-vous forcés que les peuples se donnent et auxquels ils viennent, de tous les côtés de l’horizon, comme des amants transis. Il en sera de même tant que les hommes ne pourront se rencontrer que sur les champs du Carnage et que leurs coursiers piafferont dans le sang ; tant qu’ils parleront mille langages divers, tant que les rois étoufferont les voix humaines avec le tonnerre des canons.

Les sociétés modernes, reposant sur le trépied bancal de l’Autorité, de l’Épargne et de l’Usure, ne peuvent avoir à conserver que des biens injustement acquis. Et d’autre part, la forme politique étant l’expression du fonds social, il en résulte que tout contrat basé sur la propriété doit être défendu par le Despotisme. Or Despotisme suppose Guerre ; Guerre ne se fait pas sans Armées ; Armées ne vivent pas de l’haleine brûlante de la Gloire et de l’air du temps...... Je passerais en revue toutes les iniquités sociales si je faisais le tour de l’infernal cercle en les énumérant.

Hélas ! le temps n’est point encore où les hommes iront à la rencontre les uns des autres, poitrines découvertes et bras ouverts ; aujourd’hui, ils se couvrent avec la pointe des glaives et l’acier brillant des cuirasses.


XXIII.   Donc, à la guerre comme à la guerre ! S’il est possible, accoutumons nos yeux à la vue du sang et nos oreilles peureuses aux clameurs rauques des clairons. Résignons-nous encore à voir des hommes écharpés, des villes fumantes, des pontons qui s’enfoncent sous le poids des prisonniers, des bombardements, des blocus, des femmes