Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/272

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par l’estomac et par les entrailles, si vous succombez maigres et désossés avant l’âge, à la phtisie, à l’étisie, à la cachexie, au marasme, comme les épis venus dans des terres maigres qui penchent sous le tourbillon des vents.

Ne vous étonnez point, ne vous lamentez pas si les plus grands désastres pleuvent sur vous. Ne les attirez-vous pas ? Les Malheurs et la Maladie ne sont-ils pas les conséquences forcées de l’Injustice et de la Misère ? Ah ! que tout homme qui conserve dans sa conscience un ferment de justice fasse entendre des chants d’allégresse sur les hécatombes de bourgeois qu’immole le Choléra ! Ressentir dans son coeur une profonde haine contre le mal, n’est-ce pas aimer passionnément le bien ? Encore que tous les hommes de ce temps-ci disparaîtraient sous l’étreinte de la Misère, dans les angoisses du Désespoir, moi compris, pas une larme ne tomberait de mes yeux. Dans quel monde, sous quelle forme pourrions-nous être plus malheureux qu’aujourd’hui ? Et que vaut la vie dont les heures éternelles sont employées à évoquer la Mort ?




§ 4. — SUR LE CROISEMENT DES RACES.


XXXI.   Il faut entendre par le mot création une série de transformations successives. Avec deux vieilles choses on en fait une neuve : c’est créer. Le chiffonnier est créateur dans sa sphère en mêlant le vieux verre et les vieux chiffons, — comme le philosophe en rapprochant deux idées anciennes, — comme le chimiste en combinant deux éléments qui ont déjà servi, — comme enfin les puissances supérieures à nous que nous désignons sous cette expression collective : les Dieux.