Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/271

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mue par une pensée profonde. Celle de la Russie, c’est le bouleversement de l’Occident, ce que les autres appellent Désordre, ce que j’appelle Révolution !


XXX.   J’ai l’esprit observateur et la bouche contredisante ; dans ce temps-ci, c’est grand malheur. Mais quoi ! l’on n’est pas parfait comme l’épicier !

J’observe donc, et je dis ce que je vois. Eh bien ! c’est toujours par bandes nombreuses que vont les Furies, les Gorgones, les Parques, les Syrènes, toutes les Divinités ennemies des hommes ! Et c’est toujours en grêle serrée que les Guerres, les Émeutes, les Fléaux et les Famines s’abattent sur nous.

Vous criez : Ce sont de grands malheurs, de lamentables désastres ; quand serons-nous délivrés des contributions sanglantes que lève sur nous la Mort ? Ah ! malheureux qui ne savez pas mourir de joie, tuez-vous de douleur : menez deuil, et puisque les seuls arts que vous cultivez sont le duel et la guerre, courbez-vous sous l’épée ! De quoi vous plaignez-vous ?…..

Il vous faut épargner, dites-vous, et garder à peine du quoi vivre, pour pouvoir faire parade de bracelets d’or, de plats d’argent, d’un luxe plaqué, d’une prodigalité menteuse. Mettez donc de côté, serrez-vous le ventre, faites retourner vos vieilles culottes, brossez vos habits, rongez vos ongles, mangez du suif, soyez parcimonieux, avares, avides et voleurs autant qu’il vous plaira. Afin que Mesdames vos épouses puissent envelopper leurs charmes dans des châles de cachemire ; afin que Messieurs vos fils consomment leur part du poison de l’Université ; afin que Messieurs vos amis soient priés une fois tous les ans à vos festins splendides.

Mais, pour Dieu ! ne vous plaignez pas, ne vous plaignez pas, bourgeois de malheur et de misère, si vous êtes tordus