Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur l’Amérique enfin que les peuples originaires d’Espagne et de Portugal révolutionnent dans sa partie méridionale, tandis que les Anglo-Américains y jettent, au Nord, les assises gigantesques de la Confédération des États-Unis.


XLI.   Les peuples qui ont vécu dans les pays du soleil ne remontent jamais vers les glaces du pôle. La Civilisation ne retourne pas à la Barbarie ; ce serait reculer dans la pénible voie qui conduit chaque génération à l’accomplissement de ses destinées. Le Nord est la pépinière des nations, officina gentium ; c’est le camp où les races conquérantes font leur plus longue et leur dernière étape. Tant que les contrées du septentrion ne seront pas embellies par la main de la Culture et aplanies par les pieds du Temps, les hommes n’y resteront qu’en passant, le regard dirigé vers des contrées plus heureuses. — Jamais invasion ne menaça le Nord. L’expédition de Moscou fut une opération désespérée entreprise contre les envahissements du cancer russe par un homme qui n’était, après tout, que sabreur ou chirurgien, c’est-à-dire menuisier habile. Pareilles opérations ne réussissent pas contre maladies semblables.

Il est aussi impossible aux Russes de demeurer au Nord et de s’y développer davantage qu’il est impossible aux enfants de grandir dans leur berceau. Ils sont placés de manière à envahir l’Europe centrale par toutes ses frontières : l’autocratie russe règne sur deux races d’hommes à génies opposés dont les uns nous pénétreront par l’extrême Nord, et les autres par l’extrême Sud. Aucune puissance européenne ne peut prévenir aujourd’hui l’entrée du tzar à Constantinople. Et dès qu’il sera là, bien avant même sans doute, aucune ne pourra s’opposer à ce qu’il ne déchaîne sur l’Europe, par tous les côtés à la fois, ses hordes frémissantes. Les révolutions palingénésiques sont appor-