Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bouquin. Ce sera véritablement la Babel des peuples, Babel comme jamais il n’en fut sur terre, car jamais encore l’autorité ne fut bafouée, changée, chassée, avilie, niée comme elle l’est aujourd’hui !


VII.   Une civilisation de décadence contient, dans son sein, tous les matériaux d’une société en enfance ; les désespérantes négations des époques destructives nécessitent les affirmations solides sur lesquelles l’humanité reconstruit. Quiconque voudra bien observer aujourd’hui la dissociation des éléments du monopole, pourra prévoir le mode d’après lequel se produira la prochaine unification socialiste.

Les nations d’Occident font des révolutions chaque jour, chaque jour elles essaient, tâtonnent et trébuchent, créant gouvernements, dictatures, assemblées, conventions, majorités et minorités à tous degrés, de toutes formes ; elles se débattent, crient, versent les plus pures de leurs larmes, le plus chaud de leur sang. Et cependant, elles ne réussissent ainsi à rien fonder de durable. Elles s’aperçoivent ainsi que tous les gouvernements sont impuissants à sauvegarder des intérêts injustes, incapables de faire droit à des revendications légitimes, sourds aux minorités, aux majorités même, en dehors du mouvement social, hostiles à tous, condamnés à périr dans la plus épouvantable anarchie. Et plus cette vérité est démontrée aux hommes, plus les hommes s’obstinent à la nier. Ils sont las de l’autorité, mais ne sachant encore comment la remplacer, ils l’exagèrent dans les faits jusqu’à la bouffonnerie la plus prétentieuse, en même temps qu’ils la détruisent à tout jamais dans son prestige et dans l’opinion publique. D’autre part, les mendiants politiques — rois, princes et tribuns, — ont tellement pullulé dans la paix et l’obésité, qu’il y a, de par