Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/307

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IX.   L’heure de la mort a sonné pour une moitié de l’Europe ; l’âge de s’instruire est venu pour l’autre. — C’est une aussi rude tâche d’apprendre à vivre que d’apprendre à mourir. — L’enfant souffre quand il s’élève à l’état d’homme autant que le vieillard qui s’incline vers la tombe.

Les deux moitiés de l’Europe souffriront donc pour se transformer. Et leurs convulsions, leurs cris d’angoisse ébranleront la terre qui les supporte.

Elles seront humiliées les nations superbes qui verront de jeunes peuples s’implanter sur leur sol, les traiter en pays conquis, abattre les monuments de leur gloire et pousser l’humanité vers de nouvelles destinées. L’Envie et le Désespoir hâteront le terme de leurs jours ; elles ne consentiront pas à partager les travaux des races nouvellement venues. — Car les vieillards s’élèvent toujours, et toujours se brisent contre les jeunes hommes audacieux et novateurs.

Elles souffriront aussi, les nations barbares, de ne pouvoir plus s’ébattre parmi les grand déserts ; elles étoufferont dans l’enceinte des villes ; elles se consumeront de langueur dans leurs nouvelles coutumes et dans leurs habits trop étroits. La Nostalgie, la Déesse plaintive qui tremble au soleil en pleurant son foyer natal, la Nostalgie les moissonnera dans leur fleur. — Car les enfants gémissent quand ils leur faut se rompre aux usages de la vie sociale.

Tout ce qui était trop jeune et tout ce qui était trop vieux en Europe disparaîtra donc dans ce croisement. Ainsi le veut la loi des antinomies. — Chaque fois que la Terre tremble sous les transports nerveux de deux peuples qui s’unissent, de nouvelles races sont créées qui développent les principes du nouvel accord. Toute crise révolutionnaire s’accompagne d’un mouvement accéléré de