Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/320

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et aux relations industrielles, toutes les mesures de vengeance et de domination disparaîtront de la loi.

Au point de vue de la Révolution continue, la Conquête n’est rien qu’un prologue, un engagement, une occasion. La conquête ne décide rien, ne préjuge rien, ne détourne rien : c’est un fait, rien de plus. Seulement, elle délivre l’homme des chaînes qui le rivaient à son passé, elle lui laisse la tête et les bras libres, et du doigt lui montre l’avenir ! Est-ce payer trop cher ces avantages que de supporter les désastres et les violences inséparables de toute guerre ?

Il faut que le croisement des races soit encouragé : — ainsi le comprennent tous les conquérants, d’accord en cela avec la nature. — Il faut que les tendances des pays où l’invasion s’implante soient développées, et que la plus large part soit faite à celle des deux civilisations qui est la plus avancée sur la route de l’éternité. — Cela est conforme à l’intérêt humain. Avides de bien-être et de luxe, les peuples nouveau-venus se gardent bien de détruire les découvertes qui les rapprochent du but de leur poursuite ; ils les conservent au contraire en les faisant valoir d’une manière plus équitable pour tous. — Il faut enfin que la tradition et l’utopie soient mises d’accord. — Car le Temps plane sur l’océan des peuples, les deux ailes étendues, l’une vers le Passé, l’autre vers l’Avenir. Et le Temps ne peut mourir en détail non plus que le Mouvement.

D’ailleurs, le milieu est plus fort que l’homme. L’ambition secrète, rongeuse de tout despotisme est de se faire accepter. Pour arriver à ce but, le peuple conquérant se plie, sans en avoir conscience, à toutes les exigences du peuple conquis ; il se laisse séduire par lui comme l’homme le plus entêté par la femme capricieuse qu’il appelle sa maîtresse. Aussi l’on pourrait dire avec raison que, des