Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir renversé la formidable puissance de la Russie ; — parce qu’ils m’appellent Cosaque, moi, ils s’imaginent avoir fait justice de mes prédictions. Quand les paysans et les prolétaires de leur pays courront au devant de l’invasion révolutionnaire, ils les appelleront aussi des Cosaques, et se persuaderont avoir terrassé la Révolution ! — ô le plus cockney des peuples passés et futurs, nation forte en paroles et poitrinaire à l’action, à qui donc penses-tu en imposer encore ?

Mais, bourgeois de France, avocats nés malins, ils sont chez vous les Cosaques, comme en Russie, par millions et dizaines de millions ! Car le Cosaque, c’est l’homme déshérité qui réclame bravement, à la pointe du fer, une place au foyer social ; c’est l'ignorant, le partageux, le brigand, le barbare — comme vous dites — en un mot, celui qui a faim et celui qui a soif et à qui vous ne voulez donner ni à boire ni à manger, le Cosaque enfin, c’est le révolutionnaire par la force des choses, pour son intérêt, pour sa vie. Comptez, statisticiens de l’Institut, combien ils sont dans la belle France !

Et toi, peuple rançonné, bâtonné, bâillonné, mitraillé, famélique, quand donc comprendras-tu que les mots sont des mots et les choses des choses,... et que les mots ne sont pas des choses ? Tes vrais alliés qui sont-ils ? Seraient-ce par hasard le magnifique empereur de cirque, le redoutable général à la médaille miraculeuse, le grand seigneur vendéen, le banquier juif, qui s’engraissent des dépouilles de la patrie et prélèvent sur toi l’impôt du sang, le nerf de la guerre sainte ? Ne seraient-ce pas plutôt ces gueux des steppes, ces Cosaques esclaves et maigres comme toi — moins que toi bien certainement ?

Oh ! réponds, réponds, peuple, il y va de ta vie ! Et de même qu’en 1815, nos Cosaques aristocrates appelaient à la rescousse leurs frères de l’extérieur, ouvre à deux